La célèbre cité de Rocamadour accrochée à flanc de falaise. DDM Archives
Publié le 01/07/2024
Laetitia Bertoni
l'essentiel Durandal la légendaire épée de Roland vient d’être dérobée à Rocamadour. Pourtant plantée dans le rocher, à plusieurs mètres de hauteurs, les voleurs auront réussi à extirper l’épée. Une tragédie pour la cité alors que la saison touristique commence.
Mais qui a bien pu dérober Durandal, la légendaire épée du chevalier Roland, plantée dans le rocher de Rocamadour ? La question est sur toutes les lèvres, depuis ce lundi 22 juin, date à laquelle, le Père Millet, directeur du sanctuaire, a constaté sa disparition.
L’épée de Roland, encastrée dans la paroi rocheuse de Rocamadour. DDM Archives
" Il s’est aperçu qu’elle n’y était plus, le matin même. Le sanctuaire est fermé au public de 22 heures à 6 heures, mais nous ne savons pas précisément à quelle date elle a disparu. Dès que l’on m’a informée, j’ai aussitôt porté plainte à la gendarmerie qui s’est rendue sur place faire les constatations et relevés", témoigne Dominique Lenfant, maire de l’emblématique village du Lot. De son côté, le conservateur des antiquités et objets d’art du Lot, Guillaume Bernard, a alerté le ministère de la Culture.
Non l’épée n’est pas en restauration, elle a été volée !
Si certains pensaient jusque-là que l’épée de Roland avait volontairement été enlevée pour des questions d’entretien et de restauration, il n’en est rien. La nouvelle connue, toute la cité est en émoi depuis. " Durandal, c’est un élément de la collection historique et patrimoniale de Rocamadour. Tout le monde connaît l’histoire ou la légende de Durandal et Excalibur, mais seule l’épée de Durandal est matérialisée", souligne l’élue de la commune.
"Rocamadour se sent dépouillée d’une partie d’elle-même"
"Elle est même assurée pour une valeur de 100 000 €", insiste Dominique Lenfant pour qui ce n’est pas tant sa valeur ou son estimation qui importe mais le symbole historique qu’elle représente. "Durandal va nous manquer. Elle fait partie de Rocamadour, depuis des siècles, il n’y a pas un guide qui ne la montre pas lors de sa visite. Rocamadour se sent dépouillée d’une partie d’elle-même, même si c’est une légende, les destins de notre village et cette épée sont liés".
Quand histoire et légendes s’assemblent : Durandal devient une épée fabuleuse
La légende raconte qu’un ange a offert cette épée à Charlemagne qui l’a transmise à Roland. Le mythe de Durandal raconte également que se voyant mourir à la Bataille de Roncevaux, celui-ci aurait voulu briser son épée sur un rocher. N’y parvenant pas, il aurait ainsi ouvert dans la pierre la Brèche de Roland, avant de jeter Durandal vers le ciel… Et qu’elle ne parcourt plusieurs centaines de kilomètres pour se ficher dans le rocher de Rocamadour.
Historiquement, ce n’était pas dans ce rocher au-dessus de la chapelle de la Vierge Noire que l’on pouvait voir l’épée de Roland, mais au niveau du Coffre au verrou près de la chapelle Saint-Michel. À cette époque, on disait que les jeunes femmes qui touchaient son pommeau trouveraient un mari dans l’année… Ou encore qu’en effleurant le verrou du coffre, elles verraient leur infertilité s’envoler et naître un enfant…
Pour éviter que Durandal ne soit sans cesse touchée, et pour d’autres raisons d’ordre religieux semble-t-il, elle a été déplacée dans un endroit bien moins accessible près de la chapelle de la Vierge Noire.
" Déplacée, elle avait été installée dans ce nouvel endroit tout proche de la chapelle de la Vierge Noire, dans le sanctuaire de Rocamadour, où l’on n’accède pas facilement. D’ailleurs, elle se trouvait à 10 mètres du sol et à au moins 1 mètre du toit de la chapelle, à l’abri sous le rocher ", rappelle la maire de Rocamadour.
Une copie de Durandal la remplacera dans le rocher
Alors tous dans la cité s’interrogent ? Comment quelqu’un a pu monter si haut pour la décrocher de son attache et de sa chaîne… Et pour quelles raisons ? " Durandal est un bien public qui appartient à l’État. Cette épée était enfoncée dans la paroi rocheuse sur peu de profondeur. Elle mesure 80 cm, c’est donc une petite épée médiévale qui a été forgée pour assommer les gens ou les chevaux, pas pour les tuer", croit savoir Dominique Lenfant.
Faute de remettre la main dessus, ce sera donc une copie de Durandal qui sera positionnée dans le rocher, comme le précise la maire : " Lorsqu’elle avait été descendue, le ministère de la Culture en avait profité pour faire une reproduction à l’identique, offerte et conservée à Rocamadour", annonce l’élue.
Une compensation loin de consoler les Amadouriens, dont certains préviennent qu’une autre légende est née… " Durandal tu piqueras, en prison, tu iras".
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