Oiseaux, papillons, amphibiens, et même mammifères, plusieurs espèces menacées et protégées vivent dans le Lot. La rédaction d'actu.fr/lot fait le point.
L’Effraie des clochers, une espèce en danger dans le Lot. ©Wikimedia Commons
Par Marie-Cécile Itier Publié le 30 sept. 2024
La Liste rouge des espèces menacées des oiseaux nicheurs d’Occitanie a été publiée fin août 2024. Il s’agit du meilleur outil pour reconnaître l’état de santé des populations d’oiseaux nicheurs. Cette liste existe aussi pour la flore, les mammifères, les amphibiens, papillons, libellules… Cette sortie est l’occasion de faire un point sur les espèces en danger dans le département du Lot avec Nathan Trouverie, chargé d’études Nature et Biodiversité pour la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) du Lot.
17 espèces d’oiseaux nicheurs menacés dans le Lot
Le département du Lot compte 127 espèces d’oiseaux reproductrices, dont beaucoup de rapaces, diurnes comme nocturnes, des passereaux, des pics… La liste rouge des oiseaux nicheurs comprend plusieurs niveaux : les espèces considérées comme préoccupation mineure (pas de menace), celles avec un statut quasi menacé, qui comprend 30 espèces dans le département du Lot, puis les espèces menacées à proprement parler. Dans cette dernière catégorie, trois niveaux déterminent le danger pour les espèces : vulnérable, en danger et en danger critique. Un dernier stade existe, celui d’espèce éteinte, mais aucune espèce n’est concernée dans le Lot.
La liste rouge de l'UICN
Fondée sur une solide base scientifique, la Liste rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) est reconnue comme l'outil de référence le plus fiable pour connaître le risque d'extinction des espèces ou sous-espèces végétales et animales. Établie conformément aux critères de l'UICN, la Liste rouge des espèces menacées des oiseaux nicheurs d'Occitanie, réalisée à partir des meilleures connaissances disponibles, vise à dresser un bilan objectif du degré de menace pesant sur les espèces à l'échelle du territoire régional. Ce travail a été réalisé sur la base du partage des données de plus de 20 000 observateurs ! Son objectif principal est d'identifier les priorités de conservation, d'orienter les décisions des politiques publiques en faveur de la biodiversité et de mobiliser l'attention du public sur l'importance des problèmes de conservation actuels et les enjeux liés à celle-ci pour la région Occitanie.
En revanche, il y a bien 17 espèces d’oiseaux nicheurs qui sont menacées : 9 considérées comme vulnérables et 8 comme en danger.
Parmi les espèces en danger, on retrouve le Bruant jaune et le Bruant ortolan, le Busard Saint-Martin, le Chevalier guignette, l’Effraie des clochers, l’Hirondelle de rivage (qui niche à proximité des rivières Lot et Dordogne), le Moineau friquet et le Tarier des prés.
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Sont classés comme vulnérables l’Accenteur Mouchet, le Faucon pèlerin, la Fauvette pitchou, le Guêpier d’Europe, le Martinet noir, le Milan Royal, le Pipit des arbres, le Pipit Rousseline et le Pouillot siffleur.
Pourquoi ces oiseaux sont en déclin
« La plupart des espèces sont en danger pour des raisons multifactorielles » explique Nathan Trouverie. Ainsi le Bruant jaune, le Tarier des prés ou l’Accenteur mouchet sont des espèces qui sont très sensibles au changement climatique, et remontent plus au nord ou dans des zones d’altitude pour échapper au réchauffement climatique. Pour le Bruant ortolan ou d’autres espèces, c’est la disparition de leur milieu de vie qui est la cause principale de leur déclin. Notamment des pelouses sèches qui se referment au profit d’espaces boisés. De leur côté, l’Effraie des clochers, le Moineau friquet ou le Martinet noir ne trouvent plus les anfractuosités dans les bâtiments qui leur sont indispensables pour faire leur nid, et donc disparaissent peu à peu. Quant à l’Hirondelle de rivage, le Chevalier guignette ou le Guêpier, ils vivent autour des cours d’eau et souffrent de l’urbanisation ou de l’aménagement des rivières qui les empêchent de trouver leur habitat naturel. Nombre d’oiseaux souffrent également de la fulgurante baisse du nombre d’insectes ou de l’empoisonnement de leurs proies, comme les campagnols pour les rapaces.
Une école d'ornithologie dans le Lot
L'école d'ornithologie de la LPO Occitanie arrive dans le Lot. Rendez-vous mardi 22 octobre (nord du Lot) ou mardi 29 octobre (sud du Lot) pour une formation d'une journée, en salle et sur le terrain, pour apprendre à reconnaître les oiseaux, leur biologie.Payant, nombre de places limitées, rens. au 05 65 22 28 12.
Si l’urbanisation se fait finalement peu ressentir par les espèces sauvages dans le Lot, l’impact majeur pour leur déclin reste le bouleversement du paysage agricole, qui avec le changement des pratiques modifie les milieux (moins de pâturages de moutons entraînant la raréfaction des pelouses sèches, au profit des espaces forestiers).
Toutes ces données sur les populations sont le fruit d’un travail sur le long terme de suivi des oiseaux communs, grâce à des observateurs (bénévoles, membres de la LPO ou l’Office français de la Biodiversité) présents partout sur le terrain qui font des relevés réguliers.
Par ailleurs, si des populations d’oiseaux sont sur le déclin (- 42,7 % d’hirondelle de fenêtres depuis 20 ans, – 85,5 % pour le Bruant jaune), d’autres au contraire voient leur population exploser (+ 237 % pour le Pigeon ramier).
Et chez les autres espèces
D’autres espèces emblématiques du Lot sont également menacées, comme le lézard ocelé. Ce gros reptile coloré vit dans le Lot où il atteint sa limite nord de répartition. Une petite population de loutres vit aussi dans le département, dans des cours d’eau calmes et peu pollués.
La loutre, espèce protégée en France, vit aussi dans le département du Lot. ©Wikimedia Commons
De nombreux papillons rares vivent aussi dans le Lot, comme L’Hermitte, qui fréquente les pelouses sèches et bénéficie d’un plan national d’actions, le Damier de la Succise, l’Azuré du Serpolet ou encore le Cuivré des marais.
Côté amphibiens, deux crapauds sont protégés comme le Sonneur à ventre jaune ou l’Alyte accoucheur (qui a la particularité de porter les œufs sur ses pattes postérieures). Le Lot possède également de nombreuses espèces de chauves-souris, toutes protégées.
Des actions de protection
Plusieurs actions de sensibilisation sont menées par la LPO, notamment le projet « Terre de Biodiversité » avec le monde agricole. Les ornithologues recherchent les espèces agricoles en danger et sensibilisent les agriculteurs à leur protection, comme pour l’Œdicnème criard, oiseau qui pont ses œufs au sol dans les champs. Quand un œuf est localisé, la LPO demande à l’agriculteur propriétaire de la parcelle de ne pas y passer d’engin agricole sur la période de reproduction. D’autres projets sont en cours comme la réouverture de milieux secs pour récréer ou maintenir de l’habitat pour les espèces menacées. Il existe également des chantiers de création de mares, de plantation de haies, d’installation de crapauduc ou écuroduc (pour éviter que crapauds ou écureuil ne soient percutés par les voitures).
Enfin, les sorties ornithologiques de la LPO sont une occasion pour ses membres de parler de la protection de certaines espèces au grand public et de le sensibiliser à la protection des espèces et de leur milieu.
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