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Roc-Amadour actualités

Rocamadour, sur le chemin de Compostelle, à découvrir...


Parmi les nombreux visiteurs qui viennent chaque année à Rocamadour, beaucoup sont des pèlerins qui, après une halte, poursuivent jusqu'au tombeau de Saint-Jacques.



Suivant le sentier séculaire, le marcheur arrive dans le village-sanctuaire par « la voie sainte ». ©André Décup

                

Par Marie-Cécile Itier Publié le 14 juil. 2024


Depuis le fond des âges qu’on vient la prier ou l’implorer, la Vierge noire de Rocamadour intrigue, fascine, surprend toujours.


Encore aujourd’hui, elle bouleverse d’innombrables anonymes qui défilent devant elle au pied du rocher : « Les périphéries viennent à nous ! » s’exclame Florent Millet, le recteur du sanctuaire. Qui ajoute : « Rocamadour passe par le cœur, par le saisissement de la beauté, par la verticalité physique, par le silence de Marie qui nous présente son fils et nous invite à nous laisser aimer par lui ».

Pourquoi tant de monde sur le chemin de Compostelle ?

350 000 pèlerins sont arrivés à Compostelle en 2019 (avant le covid) soit deux fois plus qu’il y a dix ans. 52 % des pèlerins sont motivés par la culture et 41 % sillonnent la Voie pour des raisons religieuses.

Défi personnel, remise en forme, besoin de silence, intérêt pour la nature, opportunité de vivre une aventure en solitaire ou en couple, retraite pèlerine, voire « pause technologique » sont autant d’arguments avancés pour faire le Chemin. C’est la diversité des motivations qui en fait sa richesse.

Comment expliquer ce succès ? Peut-être parce qu’il est au plus fort un pèlerinage, c’est-à-dire une route, un chemin au cours duquel tant de choses peuvent se passer dans le cœur de l’homme.

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L’Église présente sur le Chemin

Ce regain de popularité manifeste un besoin de profondeur nouvelle. La randonnée se fait pèlerinage et le randonneur devient pèlerin. Les pieds sur terre et la tête levée vers le ciel, le marcheur se laisse toucher par la grâce. L’Esprit souffle sur ceux qui se mettent en marche.

Aux directeurs de pèlerinages nommés dans les diocèses, le pape Jean-Paul II lançait déjà en 1980 : « Vous tenez dans vos mains une clé de l’avenir religieux de notre temps ».

Face à ce fort développement touristique, la préservation de l’esprit des chemins est un défi lancé aux chrétiens. C’est la raison pour laquelle l’Église s’est attachée à accompagner ce mouvement.

Au fil des siècles, sur ces voies sacrées, les Jacquets (pèlerins allants vers Saint-Jacques) redécouvrent l’hospitalité médiévale. Et aussi la fraternité, le partage, la sobriété dans ces lieux d’accueil d’abbayes, de monastères mais encore de chrétiens bénévoles, de haltes paroissiales, de locaux diocésains, de maisons religieuses. Comme à Rocamadour.

Rencontre avec Sœur Marie-Jeanne qui accueille 3 000 marcheurs

Rencontre avec Sœur Marie-Jeanne Asfaux, responsable du centre d’accueil « Le Cantou » qui peut accueillir quotidiennement 16 personnes de fin mars au 15 novembre.

Avec l’aide de deux bénévoles hospitalières, cette religieuse écoute, nourrit, soigne les quelque 3 000 pèlerins qui passent chaque année dans cette maison.

Pourquoi vient-on à Rocamadour ?

Sœur Marie-Jeanne – Il n’y a qu’un Rocamadour au monde ! On vient pour découvrir la cité au milieu des rochers. Nous sommes ici sur l’un des grands sites de France. Je conseille aux marcheurs d’arriver par Couzou. Tous me disent que, sortis du plateau, la vue de la cité est « à couper le souffle ».

Beaucoup viennent pour aller à la rencontre de la Vierge noire, même s’ils ne sont pas croyants. « Ça m’a permis de renouer le contact avec Dieu, comme rencontrer un prêtre dans la confession. Ce que je n’avais pas fait depuis longtemps ! ». On assiste à la messe, aux Laudes ou aux vêpres.

Troisième raison : atteindre Compostelle (à deux mois de marche du Lot). Les actifs non-retraités l’étaleront sur plusieurs années.

D’où viennent les marcheurs ?

De la France entière, du bout de l’Europe et des quatre coins du monde. Chine, Laos, Canada, Auvergne, USA, Bolivie : voilà en vrac, mes derniers souvenirs de passages. En plus grand nombre, ce sont les Parisiens, Anglais, Allemands et Belges.

Que viennent-ils chercher ?

Du calme dans un havre de paix. Ils souhaitent se mettre en retrait du monde pour prendre du temps pour eux, pour faire une pause dans le silence, pour trouver un ressourcement physique ou spirituel.

Ils passent des heures à écouter, à regarder. Je sens un retour grandissant à la nature qui devient pour eux, source d’équilibre.

Arrivé avec sa question et sa sensibilité, l’être humain espère trouver en pareil lieu, un éclairage.

Même éloigné des croyances, de marcheur il devient de plus en plus pèlerin dans une attitude de questionnement, avec une recherche personnelle.

Vous êtes une maison d’accueil associée au sanctuaire…

Cette maison a été donnée au Bienheureux Pierre Bonhomme en 1848, lequel a décidé (avec le père Caillau) de remettre en valeur le pèlerinage de Rocamadour.

C’est la congrégation Notre Dame du Calvaire de Gramat qu’il a créée, qui l’a mise à la disposition des pèlerins. Selon son souhait, ici l’Église accueille et écoute le passager. Comme à Conques, Gramat et Vaylats.

Aller à la rencontre des pèlerins, c’est partager leur vécu sur leur parcours, leur souffrance, leur joie, leur surprise. Sans oublier la fierté des enfants qui marchent en famille.

Nous avons un oratoire où souvent les marcheurs jusque tard dans la nuit viennent prier en silence.

Et les non-catholiques ?

Nous les recevons comme les autres. J’ai le souvenir d’un anglais, chef d’entreprise bouddhiste qui était venu pour deux jours. Même s’il ne participait pas aux offices, il est resté deux mois à Rocamadour passant des heures dans l’émerveillement et la méditation.

Dans un lieu spirituel, vous devez recevoir des confidences ?

J’ai un souvenir. C’était le jour de Pâques. Au coin du feu, pour faire sécher les vêtements, Bernadette parle de son enfance difficile, souvent battue par une maman malade. Son mariage deviendra aussi un calvaire. Finalement sa grand-mère lui rendra sa liberté en l’encourageant à divorcer. Puis nouvelle rencontre, second mariage et arrivée d’un enfant qui comblera le couple de bonheur. Depuis, ayant gardé des liens elle, nous dit et redit : « Je ne cesse de rendre grâce à Dieu ».

Comment manifestez-vous la spiritualité de l’accueil ?

Par notre présence. On est là et s’il y a un problème, on essaie de le résoudre. Par exemple : je vais chercher une dame atteinte d’un cancer à la gare de Rocamadour. « Ce chemin jusqu’à Rocamadour, j’ai besoin de le faire. Il me permet de vivre » me dit-elle. Après deux jours de pause, je lui propose de continuer la route avec de courtes étapes de quelques kilomètres. Ainsi, nos journées sont pleines de surprises. On ne sait jamais qui va venir.

La spiritualité de l’accueil, c’est la joie de recevoir. Étant dans un sanctuaire et sur la voie de Compostelle, nous sommes obligés d’admettre un certain mystère.

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