Didier et Nicole Darnis présentent son pain d’épice « spatial ».
Que Thomas Pesquet mange un jour son pain d’épice dans l’espace, à 400 km de la terre, Didier Darnis n’aurait jamais osé l’imaginer. Pourtant, le patron de la maison Darnis, aussi connue comme étant la boutique du pain d’épice du Quercy à Bétaille, a beau se frotter les yeux : il ne rêve pas. « Il y a un an, nous avons été sollicités par une équipe du Cnes qui cherchait à remplacer la mousse qui permet de caler les produits de ravitaillement mais aussi de réduire les volumes d’emballages non recyclables à bord de l’ISS et d’optimiser la quantité de nourriture embarquée », se souvient le Lotois. Lui qui confectionne des tomes de pain d’épice de 10 kg depuis 25 ans dans son atelier au nord du département, ne voit d’abord pas très bien où le Cnes veut en venir.
Et puis, tout devient très clair : « J’apprends alors que Thomas Pesquet a proposé d’utiliser du pain d’épice, suite à la mission Proxima, en guise de rembourrage dans les caisses de transports ». Didier Darnis s’illumine : son pain d’épice servira de mousse mais aussi de mets.
Une recette secrète
C’est officiel, il fait partie du projet Ecopack qui s’inscrit dans la mission Alpha de l’ESA (l’agence spatiale européenne) : ses tomes de pain d’épice partiront dans l’espace en avril avec Thomas Pesquet. Deux de ses spécialités ont été retenues : l’une avec du gingembre, l’autre avec du miel. Le pâtissier n’a pas eu besoin de concocter une formule spéciale spatiale : « Les pains d’épices envoyés seront tout à fait similaires à ceux que je vends déjà en boutique, mes produits ont de la masse et de matière dynamique moelleuse grâce à une cuisson à basse température, c’est sûrement ce qui intéresse l’équipe du Cnes ». Ce qu’elle recherche sans doute aussi, c’est le savoir-faire artisanal. « Toutes mes préparations sont réalisées dans les règles d’un savant processus de fabrication que je garde secret. Ma pâte, obtenue grâce à de la farine de froment et du miel, est placée dans des moules avant d’être cuite très lentement et à température très douce ». Le résultat c’est une texture moelleuse et une jolie couleur brun chaud. Et ni sirop de glucose, ni additif, ni colorant et pas plus de conservateur.
Ces pains d’épice sont déjà prêts à embarquer dans des boîtes en tissu ignifugé avec double couche. « Les astronautes pourront se régaler et se faire plaisir tout en pliant les boîtes de transport et en limiter l’encombrement dans la Station Spatiale Internationale », glisse Didier Darnis. Et ça, c’est une mission qui a un goût d’y reviens-y.
Yolanda Dewi.
Une précieuse apprentie Yolanda Dewi. Didier Darnis se félicite d’autant plus de collaborer à cette mission spatiale que son activité est en difficulté à cause de la Covid-19. Heureusement, depuis octobre, il peut compter sur son apprentie Yolanda Dewi, originaire d’Indonésie, qui suit en alternance le Bachelor de Thierry Marx au lycée hôtelier de Souillac. Et le patron le reconnaît : « elle a sauvé notre peau ». En quelques mois, Yolanda a remodelé le site Internet pour permettre la vente en ligne, mis en place un drive et développé les réseaux sociaux, inactifs. « On a donné les clés du camion à cette fille je lui ai donné un budget et une mission », raconte le gérant. Et une confiance aveugle qui porte ses fruits : « Les ventes sont reparties alors que notre entreprise souffrait d’une baisse de 45 % du chiffre d’affaires ». Les compétences de Yolanda compensent ainsi la baisse de l’activité.
Vous retrouverez Didier Darnis et ses pains d'épices à la "Maison des Abeilles" à Rocamadour.
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