Un historien lève le mystère sur cette incongruité de la langue française et de la gastronomie.
Promis, on ne vous refera pas le coup du débat essoufflé de la chocolatine. Promis, en tant qu’enfant du Sud-Ouest, je ne prendrai aucunement parti dans les lignes qui suivront. Mais il va falloir accepter un constat désormais indéniable sur l’origine du nom de la viennoiserie la plus discutée de France. À voir aussi sur Konbini Un boulanger et historien toulousain (oui, je sais, mais il est objectif), accompagné de plusieurs autres historiens, donne un élément de réponse qui apporterait, enfin, un dénouement à toute cette histoire. Le boulanger Jean Lapoujade, à l’origine du livre remarqué Les Mots du pain, est revenu dans La Dépêche du Midi (oui, oui, je sais, un journal toulousain) sur les origines de l’arrivée de la baguette et des premiers croissants en France. “J’ai régulièrement fait des recherches sur tout ce qui touche le pain. La baguette a été amenée en France par un certain Zang August, au milieu du XIXe siècle. Il avait également amené le croissant, qui commémore une victoire des Autrichiens sur les Turcs en 1683. Une version au chocolat, ‘Schokoladeen croissant’, était également vendue”, explique-t-il au quotidien. Et la chocolatine dans tout ça ? “Entre l’accent autrichien qui prononce les ‘d’ comme des ‘t’ et le nôtre, les Parisiens ont appelé la viennoiserie ‘chocolatine’.” Pendant de longues années, toute la France parlait alors de “chocolatine”… jusqu’à ce que des pâtissiers s’approprient la recette et remplacent la pâte à brioche par une pâte feuilletée. “Les boulangers qui vendaient cette viennoiserie l’ont rebaptisée pain au chocolat pour qu’un lien soit fait avec leur métier. Ils ont également décidé de la renommer ainsi car elle se consommait au goûter et à cette heure-là, les gens mangeaient du pain avec un bout de chocolat”, dit le boulanger toulousain. Publicité Alors que la France décide d’adopter largement ce nouveau nom, seuls les habitants du Sud-Ouest continueront d’utiliser le mot “chocolatine”. Et, encore aujourd’hui, “on ne sait pas expliquer pourquoi la chocolatine est restée dans la région”, reconnaît Jean Lapoujade.
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