Violences routières : des milliers de portraits de proches de disparus affichés à Paris
- Roc-Amadour actualités
- 15 févr.
- 4 min de lecture
Une séance photo avec des proches de victimes de violences routières sera organisée le 22 février à Cahors pour participer à une œuvre éphémère du célèbre photographe JR à Paris.

Par Rédaction Cahors Publié le 14 févr. 2025
La Ligue contre la violence routière s’unit à l’Association Antoine Alléno pour participer au projet Inside Out créé par l’artiste JR afin de réaliser une action dédiée aux familles et proches de victimes de violence routière intitulée « ALIVE ».
Lancé en 2011, Inside Out est un projet d’art participatif de JR qui permet aux communautés du monde entier de transmettre des messages en affichant des fresques photographiques géantes de portraits dans l’espace public. En dix ans, plus de 500 000 personnes de 152 pays ont participé à plus de 2 500 actions sur des sujets variés.
Véritable œuvre artistique éphémère, Alive consiste en un collage photographique de 3 000 portraits de proches de victimes disparues, qui sera réalisé sur le pont de l’Alma à Paris en septembre 2025, offrant ainsi un espace de recueillement et de partage aux familles endeuillées.
Rendre visible les co-victimes
Dans ce cadre, une séance photo est organisée le samedi 22 février, entre 14 h et 18 h, à l’Hôtel Divona, 113 avenue André Breton à Cahors. Sur inscription à l’adresse : alive@associationantoinealleno.fr.
Parents, frères, sœurs, grands-parents, cousins, amis, cette action est dédiée à tous ceux qui, après la disparition tragique d’un proche victime de la route, tentent de se reconstruire et de réapprendre à respirer. Les participants à la séance photo sont invités, s’ils le souhaitent, à apporter un objet ou un souvenir symbolisant leur proche disparu.
Emmanuelle Schaedele – Giroire est auteure, conférencière est bénévole à l’association Antoine Alléno. Cette Lotoise a perdu son conjoint il y a 17 ans sur les routes de notre Département. Elle a déjà participé à une séance photo à Paris et encourage les proches des victimes de violences routières à y participer : « c’est un moment exceptionnel, un moment suspendu. Il y a des gens qui ont perdu des proches il y a longtemps et d’autres plus récemment. La connexion se fait naturellement, c’est très doux. On a tous vécu la même chose. C’est une manière de rendre hommage à nos disparus. 17 ans après, on retrouve les mêmes émotions. Ça fait du bien des associations qui nous permettent de ne pas oublier. »
Un projet européen
Après le départ d’un proche, des familles entières se retrouvent plongées dans le silence, dans l’ombre de l’être disparu. Les conséquences de cette disparition sont difficilement mesurables et s’étendent au-delà de la famille proche de la victime. Cette action menée dans le cadre du projet Inside Out de JR a pour objectif de permettre à ceux qui restent de sortir de l’invisibilité.
À travers un appel à participation national, les associations veulent permettre à ceux qui restent de s’exprimer « en image » et de témoigner de leur histoire. Le temps d’une journée, le pont de l’Alma deviendra un lieu où chaque proche endeuillé pourra témoigner et être reconnu dans son statut de co-victime au travers de 2 912 portraits collés à même la chaussée.
Les séances photos ont commencé en juin 2024 dans les principales grandes villes du pays : Paris, Renne, Lyon, Nice, Bordeaux, Strasbourg, Lille ou encore Rome et Bruxelles, pour faire de cet évènement un hommage européen voire international. Ce sera la première fois qu’une séance est organisée dans une ville moyenne d’un département rural comme Cahors.
La photographe Maria Greco Naccarato assure les séances de manière bénévole, et propose un cadre intime pour mettre en confiance les participants.
« Les séances sont aussi l’occasion de se rencontrer, de partager un moment entre personnes qui ont le même vécu. Ça fait partie d’une forme de reconstruction. On met aussi des visages sur des chiffres. On veut donner une dimension internationale à cette œuvre en élargissant l’action aux associations européennes. On travaille avec le Portugal, l’Allemagne, le Luxembourg, l’Espagne » explique Elisabeth Cazeaux, déléguée générale de l’association Antoine Alléno lors d’une conférence de presse à Cahors.
Une œuvre éphémère
Yannick Alléno, célèbre chef étoilé, a créé l’association Antoine Alléno il y a deux ans, suite à la mort de son fils de 24 ans, victime d’un chauffard. L’association entend prévenir les actes de violences contre les générations futures et de venir en aide aux victimes de moins de 25 ans ainsi qu’à leur famille.
En septembre 2025, 60 bénévoles colleront les milliers de portraits sur le bitume du pont de l’Alma dès 4 h du matin. Après 10 h de collage, et quelques heures d’hommage, les portraits seront retirés. « C’est une performance artistique. On efface les portraits pour symboliser l’effacement des victimes de la route. Derrière les chiffres, ce sont des morts et des blessés, des milliers de proches, victimes, elles aussi, de la violence routière. On l’oublie trop souvent » poursuit Elisabeth Cazeaux.
Une hausse du nombre de morts en 2024
La Ligue contre la violence routière et l’Association Antoine Alléno travaillent ensemble sur de nombreux sujets notamment l’accompagnement des victimes et le projet de loi d’Homicide routier. « Une loi un peu en suspend avec le contexte politique mais en bonne voie » assure Pierre Lagache, président de la Ligue contre la violence routière du Lot. Dans notre département, Bertrand Martaguet, médecin urgentiste bénévole de la Ligue contre la violence routière, accompagne régulièrement les victimes et les proches via une cellule d’accueil. Il a également mis en place des formations auprès des maires pour les aider à annoncer de tels drames aux familles.
En 2024 (résultats provisoires le 30 janvier 2025), 3 431 personnes sont décédées sur les routes de France métropolitaine ou d’outre-mer. Ce bilan est en légère hausse (+ 0,9 %) par rapport à 2023 selon L’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière (ONISR). « Nous considérons que c’est un résultat préoccupant dans un pays comme la France. On a un déficit d’efficience de la sécurité routière en France. Il faut remettre la question des victimes au centre du sujet » termine Pierre Lagache.
Comments