Le sainfoin pourrait faire son grand retour sur les causses du Quercy grâce à la coopération entre les éleveurs ovins et les apiculteurs lotois qui vont coopérer en faveur de la biodiversité et de pratiques agricoles novatrices.
Investis dans le projet APIZ, les apiculteurs du rucher école de Rocamadour espèrent intéresser d'autres apiculteurs locaux.
Rien qu'à la sonorité du nom APIZ, on devine que ce projet porté par le groupement d'éleveurs ovins caussenards va concerner les abeilles. Bingo ! Le GEOC du Lot a décidé de s'engager dans cette démarche agricole innovante aux côtés des apiculteurs du Rucher-école de Rocamadour, et avec le soutien de la Fondation Kering qui souhaite accompagner des pratiques agricoles novatrices en faveur de la nature et de la biodiversité.
Concrètement, APIZ doit permettre de développer la culture du Sainfoin, une plante fourragère et mellifère endémique des causses, en associant les besoins des brebis au savoir-faire des abeilles. Car tandis que ces dernières butineront les fleurs de la plante, favorisant pollinisation et croissance du végétal, elles favoriseront la ressource alimentaire des petits ruminants des causses du Quercy.
Synergie et coopération autour de ce projet inédit
"Le GEOC s'est tourné vers nous pour expérimenter ce projet et observer l'impact de cette synergie entre les trois espèces. Notre rôle est de proposer un certain nombre de ruches à installer sur les parcelles cultivées de sainfoin, pour qu'on puisse en tirer des enseignements", souligne Philippe Labarthe, membre du conseil d'administration du rucher-école, en charge de la communication.
Avec son président, Olivier du Peloux, ils pensent que ce partenariat présente un intérêt pour tous. " L'accès aux fleurs pour nos abeilles est compliqué. Bien souvent les cultures sont fauchées juste avant la floraison. Si les conditions climatiques le permettent, il se produit parfois une repousse de la plante et une seconde floraison dont les abeilles doivent se contenter, c'est le regain... De tous ces processus et des contraintes naturelles dépendent donc la quantité et la qualité du miel produit dans les ruches".
Les apiculteurs étudieront l'impact des fleurs du sainfoin sur les ruches et le miel. Photo DR-Rucher école de Rocamadour Cette démarche entre les apiculteurs de Rocamadour et les éleveurs ovins du causse est donc tout à fait inédite. Chacun étant curieux d'observer la synergie et l'efficacité de cette coopération. " Le projet APIZ va nous permettre de savoir si notre présence favorise la pollinisation et le rendement du sainfoin ou pas. Pour cela, chacun devra jouer le jeu, nous en collant au plus près de leurs besoins, et les agriculteurs en travaillant sans traitement sur leurs cultures et le moment du fauchage. Cela se fera en faveur d'une agriculture solidaire et respectueuse qui profitera de fait à tous les autres pollinisateurs présents dans la nature". Vers plus d'autonomie alimentaire dans les élevages du causse Message reçu et totalement partagé pour le GEOC46 et sa présidente Sandrine Rivière. "Depuis fin 2019, au sein de notre coopérative, on réfléchit au projet du sainfoin et ses bienfaits protéiques dans l'alimentation des brebis, à la fin de gestation et au moment de la lactation notamment. Quelques-uns cultivaient encore cette plante fourragère, mais au fil du temps, la luzerne a pris le dessus, alors qu'elle est moins adaptée à nos causses. Donc réimplanter du sainfoin est cohérent. Ainsi on va développer l'autonomie alimentaire et éviter d'importer des protéines. On fera aussi des rotations de cultures qui enrichissent le sol et évitent l'apport d'engrais". Pour Sandrine Rivière, les vertus du sainfoin sont nombreuses, elle pointe encore son effet antiparasitaire non négligeable pour les troupeaux. Au printemps et à l'automne, une trentaine d'éleveurs ont donc planté 140 hectares de sainfoin, l'objectif est de 200 ha en 2023. Les semences sont offertes et l'éleveur reçoit de la Fondation Kering une aide de 1400€/ha sur trois ans pour mettre en œuvre cette culture et en assurer un suivi. "Avant il y avait deux mondes entre les agriculteurs et les apiculteurs, aujourd'hui nous sommes prêts à travailler en symbiose sur le même territoire, en répartissant 2 à 3 ruches par hectare de sainfoin. Le rucher école est à nos côtés mais tous les apiculteurs intéressés peuvent nous contacter", rappelle Sandrine Rivière, devenue elle aussi apicultrice à Couzou.
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